"Communautarisme", ce mot devenu la clef de toute rhétorique raciste
"Communautarisme", voici un mot que l'on entend constamment dans la bouche de nos politiciens et éditocrates. De Christophe Barbier à Marine Le Pen, d'Eric Ciotti à Natacha Polony... un mot qui était quasiment inexistant il y a 20 ans, et qui est aujourd'hui constamment utilisé, presque toujours pour cibler des minorités (noirs, arabes, musulmans...), jamais pour désigner l'entre-soi blanc qui domine largement au sein de nos élites politiques, économiques ou médiatiques.
Rappelons qu nous sommes tous affiliés à des communautés, et c'est tant mieux: d'abord notre famille, mais aussi notre voisinage, nos collègues de travail, éventuellement nos correligionnaires, nos compagnons de lutte politique ou économique...etc,etc. La sociologue Sylvie Tissot note toutefois ce paradoxe : la « communauté » se voit parée de toutes les vertus quand elle est nationale, et elle appelle une allégeance, un amour, un dévouement impérieux et exclusifs (un « bon communautarisme »). En revanche, la communauté devient suspecte dès qu’elle est ethnique, religieuse, sexuelle... en fait dès qu'elle est minoritaire.
De plus en plus clairement, le terme a pris pour fonction de diaboliser les minorités discriminées et les décourager de lutter contre les discriminations qu'elles subissent. Il suffit de voir qui sont ceux qui passent leur temps à l'utiliser (Marine Le Pen, Eric Ciotti, Christian Estrosi, Florian Philippot...etc)
C’est en effet au moment où des citoyen-ne-s discriminé-e-s et relégué-e-s s’unissent pour demander à être traités comme les autres (par exemple les femmes voilées), au moment où ils et elles demandent à rejoindre les autres dans des territoires, des univers sociaux ou des modes de vie qui leur sont interdits, qu’on les accuse de se particulariser, de se replier sur eux-mêmes et de diviser la société française.