Eric Coquerel (PG) reprend l'argument anti-musulman mensonger de Rioufol et Zemmour

Pour tenter de nier ou minimiser l'islamophobie de la plupart de nos élites politiques et médiatiques (obsession anti-voile, anti-halal...etc), l'un des arguments les plus utilisés par la droite et l'extrême-droite est que la popularisation du mot islamophobie serait une sorte de complot fomenté par des "mollahs iraniens" ou "ayatollahs iraniens".

C'est ce qu'affirment notamment Pascal Bruckner (qui a écrit le 23 novembre 2010 dans Libération que le terme islamophobie a été «forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines»), Ivan Rioufol (qui a affirmé chez Atlantico qu' «il a été construit par les ayatollahs iraniens pour laisser l’Islam en dehors de toute critique») ou Eric Zemmour (qui a affirmé en juin 2011 face à Pascal Boniface dans l’émission On n’est pas couché que « l’islamophobie est un mot inventé par les iraniens »).

Comme de nombreux journalistes et chercheurs l'ont fait remarquer, le mot n'a pas pu être inventé par des ayatollahs en 1979 puisqu'on le trouve dans des ouvrages français dès les années 1910s, sous la plume d'Alain Quellien ou Maurice Delafosse par exemple. De plus, ni Bruckner, ni Zemmour, ni aucune des personnalités qui ont lancé cette affirmation n'ont été capables de citer la moindre preuve ou source démontrant un usage du mot islamophobie par des mollahs ou ayatollahs en 1979. Selon deux chercheurs du CNRS, le mot islamophobie est même inconnu en langue persane (le farsi), et il est très improbable que des mollahs/ayatollahs aient utilisé un tel mot à cette époque, ils n'en ont trouvé la trace dans aucun de leurs écrits ou discours.

Que des gens très à droite comme Bruckner ou Zemmour qui attaquent constamment les musulmans utilisent cet argument pour discréditer la lutte contre l'islamophobie n'est pas étonnant. Mais qu'un membre éminent du Parti de Gauche (coordinateur politique) comme Eric Coquerel le reprenne (sans même le vérifier) est très inquiétant, et symptomatique de la dérive droitière qui touche même la gauche.

Dans L'Humanité du 18 mars 2015, Coquerel écrit en effet:  "L’origine moderne de l’islamophobie remonte à la fin des années 1970, quand, dans le tout nouveau régime des mollahs en Iran, on traite d’« islamophobes » les femmes qui refusent de porter le voile." Comme Bruckner, Zemmour et les autres, Coquerel n'apporte pas la moindre source montrant un usage de ce mot par des "mollahs". Son article reprend par ailleurs les arguments et la rhétorique de la droite du PS (de Manuel Valls et ses alliés médiatiques, BHL, Fourest et compagnie).

Il est plus que jamais urgent de lutter contre ces gens soit-disant "de gauche" qui pensent combattre la droite et l'extrême-droite en reprenant leur rhétorique et leurs mensonges.